La trisomie de mon petit garçon a toujours été un détail dans notre vie, jusqu’au jour où une caissière a fait une remarque bête et méchante, pensant compatir avec ce qu’elle considérait être un fardeau.
« J’imagine que vous auriez aimé le savoir avant qu’il ne vienne au monde…Vous savez, ils font des tests qui permettent de détecter ça, de nos jours » m’a-t-elle murmuré.
Bien que j’aie été prise par une grande colère, j’ai choisi de lui sourire et de lui répondre sèchement et ironiquement : « C’est bien vrai ça! C’est tellement plus difficile de s’en débarrasser une fois qu’ils sont sortis. Croyez-moi, j’ai tout essayé! »
Je vous laisse imaginer ma joie quand je l’ai vue la bouche ouverte, ne sachant quoi répondre en prenant conscience de sa bêtise.
« C’est comme si vous me disiez que j’aurais dû le tuer dans mon ventre pendant qu’il était encore temps. Et bien je vais vous dire une chose : Nous savions dès de le début ce qui nous attendait. Je l’ai quand même mis au monde en tant que MON FILS et rien que cela. Et jusqu’à aujourd’hui je ne laisserai jamais quelqu’un lui faire du mal. »
On a tendance à penser qu’avoir un enfant trisomique est un calvaire, un malheur, une abomination. Et on a droit à des appréciations du genre « oh les pauvres parents », « comme ça doit être difficile pour les frères et sœurs. »
Bien que je sois infirmière, je n’avais moi-même pas une grande connaissance sur la trisomie et ça me poussait à imaginer l’inimaginable avant que Gabe vienne au monde. Heureusement, une fois par an au mois de décembre, le Téléthon sensibilise les gens autour de la trisomie et leur montre que les personnes atteintes peuvent vivre normalement. Ces personnes devraient exister en tant que Gabe, Estelle, etc., pas en tant que « trisomiques ».